Pour son émission L’Histoire de l’Horreur, Eli Roth a interviewé Stephen King. Comme promis, voici ma traduction de cette conversation de 54 min dans laquelle King parle films d’horreur, mais aussi adaptation de ses livres dont Ça et Cujo, et critique notamment l’adaptation de Shining, les vampires romantiques et l’Académie des Oscars.

Voici donc la traduction de la conversation qui s’est tenue début mars 2018, peu de temps après la cérémonie des Oscars. Sachant qu’Eli Roth, fidèle à lui-même, parle plus que son invité et a tendance même à lui couper la parole… Cet échange est aussi long et décousu que peut l’être une conversation entre deux passionnés !

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Eli Roth : Nous sommes tous les deux des grands fans d’horreur. Ma porte d’entrée à la lecture ça a été tes livres, j’ai commencé avec le recueil Brume dans lequel il y avait Les Enfants du Maïs. Je me souviens être allé en camp d’été dans le Maine à Casco, et aller au lit à la lumière d’une lampe torche…

Stephen King : C’est à côté de là où je vis mec, tout près !

ER : J’ai adoré ! Tu penses que grandir sur la côte Est, avec tous ces bois la nuit, a pu te donner un certain goût pour l’horreur, ou est-ce que ça vient de la torture du fait d’être un fan des Red Sox ?

SK : (rigole) Ce n’est rien de ça. C’est une chose avec laquelle tu grandis. Chaque enfant veut savoir ce qu’il est capable d’encaisser.

ER : Oui mes premiers souvenirs, ce sont des soirées avec des amis à nous raconter des histoires qui font peur. Tu te souviens de ta première expérience de la peur, qui t’aurait rendu accro ?

SK : Je me souviens d’avoir regardé beaucoup de films sur WPIX quand j’étais enfant. Ils passaient les mêmes encore et encore. Aujourd’hui c’est hilarant mais à 4 ans c’était effrayant. Il y avait ce film, Robot Monster : un homme de l’espace avec un casque de plongée. C’est ridicule maintenant. Et puis il y a eu L’Étrange Créature du Lac Noir, je me souviens l’avoir vu à la télévision à 5 ou 6 ans avec cette fille dans un maillot de bain blanc qui se baigne, la créature en dessous d’elle réussissant à presque toucher son pied… Ouuuhhh (bruit de frissons), je me souviens que ça c’était très effrayant. Mais il y aussi eu Les Contes de la Crypte en comics. Parce qu’un comic c’est le storyboard d’un film… Et avec George Romero on a fait le nôtre…

ER : Creepshow ! Un de mes films favoris.

SK : Romero voulait qu’on travaille ensemble et je lui ai dit “faisons de l’horreur façon comédie, montrons un mec qui sort les poubelles et avant qu’on s’en rende compte *bruit d’explosion* le sang gicle de partout”. George a dit “pourquoi pas mais on pourrait faire plusieurs histoires comme Les Contes de la Crypte“. Et j’ai dit ok, faisons ça.

ER : Je me souviens avoir vu Creepshow. Il y a tellement de choses que j’aime à propos de ce film… Ed Harris a des cheveux ! Mais les cafards, à l’école c’était ce dont tout le monde parlait. L’image de E.G. Marshall… La première fois que vous le regardez c’est un film d’horreur, le sang reste collé à votre rétine. Mais la deuxième fois, ce n’est pas si effrayant, vous remarquez d’autres choses…

SK : Tu es un réalisateur donc tu remarques ça. Le truc c’est que Savini est celui qui a fait les effets spéciaux de ce film, j’ai joué Jordy Verrill donc il a dû me maquiller… C’était une expérience claustrophobique, avec tout ce que vous avez sur le visage ils mettent une paille dans votre bouche pour que vous puissiez respirer. E.G. est arrivé dans le projet car à la fin, il y a cette scène où les cafards sortent de lui… L’équipe voulait faire un moulage entier de lui pour faire sortir les cafards de son corps. Savini lui a demandé s’il était claustrophobe car ça allait lui recouvrir tout le visage. E.G. a dit “non, mais est-ce que je pourrais avoir un peu de Bourbon dans la paille toutes les heures ?”. J’ai cette image de lui recouvert de produit avec du Bourbon qu’on fait couler dans sa paille mais il a réussi. Et quand on a tourné la dernière scène avec les cafards qui sortent de son corps, tout le monde était nerveux et terrifié : on ne pouvait faire qu’une prise. 5 000 cafards allaient traverser cette fausse peau…

ER : Aujourd’hui on fait ça avec des effets digitaux. On n’est pas obligé d’avoir 5 000 cafards…

SK : Il y en avait partout Eli ! Ils étaient partout ! Et les gens ont commencé à paniquer et George a vu des cafards commencer à lui grimper dessus… Mais ils l’ont fait, la scène est parfaite, ils ont réussi, tout le monde a fini par applaudir à la fin.

ER : J’entends souvent la critique sur les films d’horreur que quand quelqu’un regarde un film qui le terrifie, s’il le revoit plusieurs années plus tard il se dit que ça ne tient pas la route… C’est une mauvaise critique… Une maison hantée ne te fera plus peur la deuxième fois. Ce qu’il y a de super avec l’horreur c’est que ça ne te surprendra jamais autant que la première fois.

SK : La deuxième fois tu vois l’art. La troisième aussi. Je me souviens avoir vu La Nuit des Morts-Vivants un après-midi, c’était un samedi, c’était plein d’enfants avec du pop corn partout mais ils étaient scotchés. J’avais peur aussi ! La première fois que vous voyez quelque chose comme ça, vous n’êtes pas prêt pour ce que vous regardez. Il y avait des choses tellement transgressives, cette petite fille qui poignarde sa mère…

ER : Personne n’avait jamais vu ça !

SK : Eli la première fois que tu vois ça tu es horrifié ! Tu ne peux pas croire ce que tu vois. La deuxième fois que tu le vois, tu vois l’art : c’est un film qui a été fait à la va-vite, à petit budget, tu vois les ombres sur les murs, les gouttes de sang : c’est en noir et blanc, il y a de forts contrastes, surtout ces ombres…

ER : Les ombres comme dans le film Les Oiseaux.

SK : Je suis sûr que c’est de là que George a eu l’idée. La première fois que tu vois Les Oiseaux tu as peur, tu es complètement dans l’histoire, tu ne peux pas en sortir c’est ce qui te terrifie. Mais au deuxième visionnage tu vois les détails, les plans aériens…

ER : Et quand ils regardent la caméra genre “vous nous avez amenés ici, c’est de votre faute”. C’est quelque chose de s’adresser au public…

SK : Les gens qui font ces films ne savent pas si ça va marcher ou pas. Qui aurait pensé que le Projet Blair Witch allait si bien marcher ? Je l’ai vu à l’hôpital, drogué à la morphine, mon fils en a amené une cassette VHS et m’a dit “tu dois regarder ça”. À la moitié je lui ai demandé d’arrêter le film, j’avais trop peur.

ER : J’ai eu la même expérience. Un de mes amis m’en a donné une copie car le film allait au festival Sundance, je l’ai regardé et j’ai dû allumer les lumières. J’étais tellement perturbé par la fin du film…

SK : C’est perturbant.

ER : J’ai la chair de poule en repensant à quel point j’étais effrayé. La fin… La caméra tombe et c’est fini. Et la campagne de promotion qui mettait le doute sur le fait que ça soit une fiction. Paranormal Activity m’a effrayé de la même façon.

SK : C’est une autre chose. La publicité de ce film était putain de brillante.

ER : C’est la première fois qu’un site internet a été utilisé pour vendre un film.

SK : Oui ! Mais ça n’aurait pas marché si le film n’avait pas été bon. Le film a vraiment perturbé les gens.

ER : C’était tellement effrayant. C’est un repère dans ma vie. Tu as eu peur avec Bambi… Mon premier film d’horreur c’était Pinocchio. Mes parents m’ont raconté que j’étais obsédé par cette histoire et j’étais terrifié par la baleine. Des années plus tard j’ai fait le lien entre Hostel et Pinocchio : les trois garçons qui vont à Amsterdam c’est comme Pinocchio qui va à l’Île des Plaisirs. On ne peut pas se séparer de nos obsessions d’enfance.

SK : Ce qui m’a effrayé dans Pinocchio ce sont ces grandes oreilles qui poussent. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Le premier film qui m’a terrifié au point que je peux à peine le revoir, c’est La Maison du Diable. Je devais avoir 11 ans, et tu ne vois pas grand chose jusqu’à cette femme qui grimpe les escaliers en colimaçon, elle ouvre la porte et c’est l’épouse du professeur et elle hurle *Stephen crie* et je me dis “je suis mort, je fais une crise cardiaque, je ne vais jamais grandir”.

ER : On a le sentiment que personne ne fera rien d’aussi effrayant. Puis il y a eu Paranormal Activity. Puis The Conjuring. Et tu te dis ok, James Wan fait des films terrifiants. As-tu vu Toby Dammit de Fellini ?

Sk : Non.

ER : Tu dois le voir. Roger Vadim, Louis Malle et Federico Fellini ont chacun réalisé une histoire d’après 3 histoires du recueil Spirits of the Dead d’Edgar Allan Poe, et en ont fait un film de 40 min. Et Fellini a adapté “Toby Dammit ou Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable” de Poe sur cet homme qui va en Italie pour réaliser le premier western catholique, mais il est hanté par l’image d’une petite fille avec une balle qui veut qu’il joue avec elle.

SK : Spirits of the Dead ?

ER : Ça s’appelle Spirits of The Dead. Il est en français, j’ai la version avec sous titres anglais, c’est très difficile à trouver. La musique est très proche de Halloween alors que ça n’a rien à voir…

SK : Tu es trop jeune pour te souvenir mais il y a un mec qui a adapté une histoire de Nikolai Gogol très simple, les meilleures histoires sont toujours simples. La femme d’un homme est enterrée avec une bague très chère, elle est dans une crypte, il y va alors qu’elle a commencé à se décomposer. Il vole la bague, et elle sort de la crypte pour la récupérer. C’est très simple mais qu’est-ce que j’ai eu peur.

ER : Quand je commence un film, j’ai parfois des scènes en tête avant et j’écris le film comme prétexte pour faire ces scènes.

SK : Ma femme dit que le homard est une excuse pour manger du beurre. C’est la même chose.

ER : Tu commences par le beurre ou par le homard ?

SK : Dans mes histoires courtes, le point de départ vient de quelque chose que j’ai envie d’écrire pour faire peur ou pour perturber le lecteur. J’ai une histoire en ce moment que j’ai envie d’écrire, mais dont je ne peux pas te parler à part que c’est un homme qui est enterré avec un téléphone dans sa poche. Je pourrais t’en dire plus mais je devrai te tuer…

ER : Ne nous dis pas !! Mais il y a toujours une idée qui est plantée comme un graîne et qui germe…

SK : Tu sais je marchais sur une route. Quelqu’un construisait quelque chose et il y avait des sanitaires mobiles. Et je me suis dit : que se passerait-il si quelqu’un se retrouvait enfermé là-dedans ? Comment il en sortirait ? Il devrait passer par le trou et ramper dans tout ce qu’il y a en bas et trouver une sortie… Donc j’ai appelé quelqu’un que je connaissais sur un chantier et je lui ai demandé : “Est-ce que ce serait difficile d’être dans un toilette de chantier et de devoir s’en échapper par le dessous ?” Et il est genre *YEERRK*. Je me suis dit que je tenais quelque chose.

ER : Des fois on raconte nos idées aux autres et ils disent “C’est trop fou tu ne peux pas faire ça”.

SK : Mais il y a des moments dont je me souviens comme dans les films de Fulci. Avec ce zombie…

ER : Qui attrape une grosse écharde et la plante dans l’œil, oui, dans Zombie 2. C’est un des meilleurs meurtres de film. Je pense que Lucio Fulci est un des réalisateurs les plus sous-estimés. J’ai vu tout ce qu’il a fait, Zombie 2 est un des meilleurs car c’est comme un sequel de Zombie (Dawn of The Dead).

SK : N’oublie pas le zombie qui se bat contre un requin.

ER : C’est le meilleur truc dans un film. Zombie 2

SK : C’est carrément au-dessus de tout.

ER : Lucio Fulci a engagé un cascadeur qui serait capable de mettre sa main dans la gueule d’un requin drogué alors qu’il a un maquillage de zombie ! C’est un mec avec un maquillage de zombie qui retient sa respiration et qui met son bras dans la gueule d’un requin, le requin mord le zombie, le zombie mord le requin, le requin s’en va… Ça n’a rien à voir avec le film mais c’est sûrement une des plus grandes scènes de film d’horreur.

SK : Mais souvent ça n’a pas besoin d’avoir beaucoup de rapport avec le film. Parce que c’est comme dans un rêve.

ER : J’ai toujours ressenti ça. Que les films sont la représentation la plus proche de ce que c’est de rêver. Nos souvenirs des films et nos souvenirs des rêves sont très similaires. Si je pense à un rêve que j’ai fait ou à un film que j’ai vu il y a plusieurs années, ils me laissent la même impression. J’ai toujours pensé que les films d’horreur étaient la représentation la plus proche de nos rêves. Il n’y a presque pas de logique, tu peux aller n’importe où. Mais avoir peur, ce n’est pas quelque chose qu’on a envie de ressentir en vrai. On fait tout pour éviter d’avoir peur dans la vraie vie. Mais d’où ça vient de vouloir lire un livre qui fait peur, racontant des histoires qui font peur, et qu’on adore ?

SK : C’est la sécurité. C’est un endroit sûr où aller. Il y a deux aspects. D’un côté il y a les films, dont font partie Death Wish ou Vendredi 13 ou Freddy, où vous laissez sortir vos pulsions profondes. C’est sans risque, personne n’est blessé et vous comprenez que ça n’arrive pas pour de vrai mais que ça réalise certains de vos fantasmes. Et d’un autre côté, ce que tu dis est vrai : on n’aime pas être vraiment effrayé dans la vie. Mais dans un film, on a la chance d’être effrayé et d’externaliser nos peurs. Dans certains films il y a des moments classiques. La fille seule dans un garage, dans tous les films que je vois je me dis qu’il va arriver quelque chose de terrible à cette fille. Et il y a aussi l’hôpital, une personne est à l’hôpital…

ER : …et l’infirmière dit “je suis pas loin si vous avez besoin de moi” et vous êtes coincé dans votre lit ! Des soldats m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas regarder mes films, ou qu’ils étaient diffusés sur des bases militaires et les gens criaient et se couvraient les yeux. Alors qu’ils font face à la mort chaque jour.

SK : C’est une chose différente ! Il y a un autre côté : c’est l’imagination. Dans une situation donnée est-ce que les personnages se comportent comme je le ferais ? Tu sais si j’étais dans une cabane quelque part et que je n’avais aucun réseau sur mon téléphone je partirais tout de suite ! Car je sais que quelque chose va sortir des bois.

ER : Quand j’étais enfant j’avais l’impression d’être à la place des personnages des jeux auxquels je jouais. Je pouvais sentir les armes. On fait ça naturellement.

SK : On a l’opportunité d’exprimer nos émotions les plus antisociales. Ces pulsions “tue les tous”. On a aussi l’opportunité de faire l’expérience de la peur, comme dans les roller coaster : on a peur à mort, et en même temps on sait qu’on est en sécurité. C’est une opportunité d’explorer nos émotions en sécurité. Mais il y a aussi l’imagination pure. Tu peux voir des choses que tu ne verrais pas d’ordinaire dans un film, c’est merveilleux.

ER : Quand on est enfants, on se dit les uns aux autres “n’aie pas peur”. Tous les grands frères ont dit “allez saute de ce tas de bois, n’aie pas peur”. Et jusqu’à l’âge adulte, on n’a pas le droit d’avoir peur. Tout le monde peut paniquer à propos du climat, de la guerre… Mais tu dois le cacher alors que c’est en toi. Et ce que tu as écrit ça a été pour moi le moyen d’avoir peur sans avoir l’air d’un lâche.

SK : Exactement…

ER : J’ai eu le plaisir de voir des films de tes livres quand j’étais enfant, avant de lire les livres, et certains j’ai lu les livres avant de voir les films… Aimes-tu regarder des adaptations ?

SK : Bien sûr ! J’aime regarder les adaptations et je suis toujours intéressé de voir ce que les gens font avec ce que j’ai imaginé. J’ai un programme, les Dollar babies, où les apprentis réalisateurs adaptent une de mes histoires pour un dollar et signent un contrat qui les engage à ne pas se faire d’argent sur ce film. Mais j’adore parce qu’un gars a fait une version de l’histoire Le Molosse Surgi du Soleil qui était très intéressante et aussi très marrante. Il y en a qui font des choses drôles, d’autres qui ne fonctionnent pas, et d’autres qui vous font dire qu’il y a du talent. Une des choses que j’ai toujours aimées sur les films d’horreur, et ça nous ramène directement à Roger Corman et à ce film que j’ai adoré Dementia 13 tourné en seulement un week-end, dans ce film tu y vois le talent et la possibilité de choisir ce qui va faire peur aux gens. C’est mon moment préféré de l’année pour aller voir des films car ils sont censés faire un bide mais très souvent ils sont fabuleux.

ER : Je vais voir tout ce qui est film d’horreur, je me fiche d’à quel point c’est mauvais. Je sais que je vais adorer.

SK : Je vais te dire Eli. Le pire film d’horreur que j’ai vu était putain de génial. Je suis comme ça, j’y vais et je me demande “je vais voir quoi ? Je n’en sais rien”. Et il y a autre chose, ce système de classification. Un film d’horreur classé PG13 doit faire peur d’une façon très artistique. Dès que tu arrives dans l’horreur et que ce n’est pas classé tu ne sais pas ce que tu vas voir, j’adore ça.

ER : J’ai toujours ressenti cette énergie avec le punk rock. Tu en as parlé : ça va offenser tes parents, énerver les gens, tu n’es pas censé le voir… Mais je me souviens avoir vu des films comme The Mutilator et il n’y a rien de vraiment malin dans ce film, il n’y a même pas de mystère sur qui il est mais il tue tout le monde il est le Mutilator, et j’adore.

SK : J’ai un mot pour toi. Maniac !

(Je ne vous traduis pas la séquence, voici la suite en vidéo où Eli offre à King un scalpe du film Maniac, je reprends la traduction à la suite de la séquence.)

ER : J’adore Maniac parce que j’en ai fait une copie de l’affiche pour Hostel, et Bill Lustig (réalisateur de Maniac, ndlt) a dit qu’il avait demandé que l’homme au couteau sur l’affiche ait une érection. Et les gens ont été outrés. On s’est dit que dans Hostel on devait y rendre hommage et ils l’ont utilisé comme poster principal en Europe. Mais Maniac a des effets incroyables grâce au travail de Savini sur les scalpes, mais ça vient aussi de Joe Spinell qui était un de mes acteurs favoris.

SK : Et que penses-tu d’Herschell Gordon Lewis ? Est-ce que tu as déjà eu un vrai Festin Acadien ?

ER : Orgie Sanglante c’est génial ! Et 2000 Maniaques et The Wizard of Gore ! Orgie Sanglante avec les tripes arrachées… Il est le premier à être allé chez le boucher, à avoir acheté des entrailles de porc et en avoir mis partout. Il faisait partie des Grands. Je les regardais quand j’étais gamin en VHS après avoir vu Dawn of The Dead, mais toi tu as grandi avec.

SK : C’est ce qu’on disait tout à l’heure, c’était fait d’une certaine façon où quand tu regardes aujourd’hui tu te dis “ce n’est pas dingue” mais ça fait partie de l’évolution.

ER : Tu as vu les limites être repoussées depuis les années 50 où les créatures étaient en costumes… Ça fait quoi d’avoir vu le genre aller de plus en plus loin ?

SK : Transgressif. J’en reviens toujours à ce mot. Tu l’as dit toi même, je n’ai jamais rien vu de tel dans un film. Quand j’étais enfant, la première fois que j’ai vu Psychose, le public était hystérique. On ne voit plus ça. Les gens sont habitués à ces effets. La dernière fois que j’ai vraiment eu l’impression d’entendre le public geindre, après Blair Witch, c’était… Oh je ne me souviens pas du nom, tu sais j’ai 70 ans. Mais je me souviens des réactions pendant la scène de la douche de Psychose alors que tu ne vois jamais le couteau poignarder.

ER : Wes Craven parlait du fait de voir ce qu’il se passait au Vietnam à la télévision et qu’ensuite il a fait La Dernière Maison sur la Gauche comme une réaction viscérale à ce qu’il avait vu. Je crois que culturellement, avoir vu la guerre à la télévision a forcément eu un impact dans les films de Scorcese ou de Coppola par exemple. L’horreur dans les années 70… Regarde Massacre à la Tronçonneuse, c’est une oeuvre d’art.

SK : C’est une oeuvre d’art oui. C’est un de ces films où tu crois que tu vois bien plus que ce que tu vois. C’est le premier film où il y a ces enfants dans une cabane qui ne peuvent pas en sortir avec toute cette intrigue sur “la dernière fille”.

ER : Oui “la fille survivante” vient de là. Mais la scène de la cuisine c’est quelque chose, le travail sur le son… Et son jeu d’actrice. Je me souviens m’être battu avec le bureau des classifications pour Hostel 2 pour la scène de la fille dans la baignoire et j’ai dit “si son jeu d’actrice était mauvais il ne serait pas si efficace” et ils n’étaient pas d’accord mais il ne faut pas blâmer le film pour une actrice, et elle était excellente quand cette faux la transperce et qu’elle ne meurt pas tout de suite et qu’elle essaye de respirer. Peu importe ce que ça fait à ton subconscient tu te souviens à 100% de ce que tu as vu…

SK : Et quand Leatherface revient et claque cette porte !

Er : Je me souviens qu’avec James Wan, le réalisateur de Saw, on s’amusait à s’appeler quand on faisait Hostel et Saw pour parler démembrement, c’était genre “écoute je lui coupe le pénis dans Hostel 2” et il me disait “je vais lui percer les tétons avec des anneaux” et moi “haaa j’allais le faire aussi !!”…

SK : C’est drôle, ce que tu disais tout à l’heure sur les réalisateurs et les écrivains… Ils s’accrochent à une histoire parce qu’ils veulent faire quelque chose. Steven Spielberg et moi avons beaucoup parlé de Poltergeist. Il voulait que je l’écrive et je l’aurais écrit si on était aujourd’hui et qu’on avait pu échanger par email mais il y a eu des échanges perdus parce que j’étais sur un bateau qui traversait l’Atlantique jusqu’à l’Angleterre et il n’a pas eu mes réponses. Mais il m’a dit qu’il voulait faire s’embrasser des fantômes et j’ai dit “vraiment ?”. Toute cette histoire de fantômes dans une maison et de cette petite fille, et tu fais une fixette là-dessus… Il disait “je veux que deux fantômes s’embrassent et je sais exactement comment faire, je vais prendre un morceau de verre et le fantôme va l’embrasser et tu vas voir ses lèvres et… mais je ne sais pas comment me débarrasser de la réflexion dans le verre” et je pense que ce n’est même pas dans le film. J’ai fait des livres où j’avais quelque chose en tête que je voulais mettre à tout prix et au fur et à mesure où je déroule l’histoire, quand j’arrive à ce moment, l’idée a complètement changé et je pense que c’est comme ce baiser de fantôme. Et je finis juste le roman. Je me souviens que quand j’étais jeune, je me disais “ça serait pas cool si l’école commençait à bouger et qu’elle prenne de la vitesse ?”. Et j’avais cette image de l’école qui dévale des routes, percute des arbres et des maisons, arrive en ville et chasse les gens… Et je me suis dit que je voulais vraiment revenir à ça et en faire quelque chose. Cette scène je l’aborde avec beaucoup de distance dans un livre mais je n’y arrive jamais vraiment.

ER : Es-tu inspiré par des films ? Des films qui te font tellement peur que tu as besoin de l’externaliser ?

SK : Oui. Parfois je vais regarder un film qui fait me dire “c’est une situation très intéressante, je me demande si je pourrais y arriver d’une façon différente et avoir le même sentiment”.

ER : C’est intéressant que tu aies parlé de Poltergeist parce que ce film, ce dont je me souviens le plus parmi tous les effets, c’est le clown. Cette poupée de clown est ce qui m’a terrifié en premier et puis est arrivé Ça et nous voici des années après et Ça est le plus gros film d’horreur de tous les temps. Parle-moi de ton expérience d’avoir vu le livre lu par tout le monde l’été où il est sorti, puis une adaptation pour la télévision et ensuite le film d’Andy Muschietti. Quel effet ça fait ?

SK : D’abord, les clowns me détestent. Ce sont des gens biens, ils aiment les enfants et vont à l’hôpital etc.. Mais le fait est que, j’ai une assistante dans le Maine, dont le mari fait parfois le clown pour des événements. Il essaye d’être gentil avec moi car sa femme travaille pour moi, mais tu peux voir qu’il est agacé. Je dis aux gens de ne pas tirer sur le messager. Le fait est que les enfants ont peur des clowns. Les clowns sont un déguisement naturel pour les monstres car on ne sait jamais ce qu’il y a sous le maquillage.

ER : Et John Wayne Gacy était l’un de ces clowns. Mais étais-tu impliqué dans la nouvelle adaptation ? Cette séquence d’ouverture avec le ciré jaune est une des meilleures scènes d’ouverture de film d’horreur.

SK : Je ne me suis pas impliqué dans le téléfilm ou le film. J’ai parlé avec Andy depuis et je pense que le film était un succès partiel car beaucoup ont vu le téléfilm quand ils avaient 11 ou 12 ans, et c’était plutôt effrayant pour de la télévision et ça leur a laissé une marque. Et quand le film est sorti ils voulaient retrouver ça. Mais Andy a fait un travail excellent avec ce film. Il a commencé avec la partie “jeune” du livre ce qui donne une vraie dynamique…

ER : Le film a des airs de Stand by Me.

SK : Oui c’est le cas mais c’était déjà le cas dans le livre. Voir les choses du point de vue d’un groupe d’enfants… Quand j’écrivais Le Corps j’avais en tête le cartoon Snoopy. Les adultes n’ont pas de voix ils ne font que des bruits, et dans la réalité c’est un peu ça pour les enfants. Je porte la poisse, il ne faut rien m’envoyer du film avant qu’il ne sorte. Donc je n’avais aucun lien avec le film. J’ai su que Cary Fukunaga était impliqué, j’ai vu True Detective et je me suis dit que j’aimerais qu’il le fasse. Et je connaissais le travail d’Andy grâce à Mama qui était génial donc je me suis dit qu’on, que lui, il avait une chance de faire quelque chose de très bon, car le script était très fort et très malin. Ils savaient ce qu’il fallait y mettre et ce qu’il fallait laisser de côté. Huit mois avant la sortie du film j’en ai vu un premier montage, ici à Sarasota. Je me suis dit que ça allait être énorme. C’était parfait. Ça marchait très bien dès le départ. Quand Georgie court dans le caniveau après son bateau, on dirait une vraie tempête, pas une journée ensoleillée avec des jets d’eau qui sont censés te faire croire qu’il pleut.

ER : Quand il se fait arracher le bras tu te dis “oh mon Dieu il peut se passer n’importe quoi dans ce film”.

SK : C’était un film mainstream Classé R. Ça va avoir un impact sur les prochaines années parce que les gens qui ont grandi avec PG13 qui ont maintenant 18-19 ans, ils sont prêts pour des choses plus violentes. Et ces gens ont répondu présent comme jamais.

ER : C’est devenu le film qu’on regardait par défi.

SK : Les enfants en parlaient. Ils étaient trop jeunes pour le voir mais je pense que beaucoup l’ont vu quand même. Et je pense que ça devrait fonctionner comme ça. Ça devrait être interdit. Ce genre de chose devrait être interdite. Hostel est un film interdit. Tu sais tu vas le voir et tu dis WOW. J’étais un jeune enfant et je me souviens d’autres gamins venir me demander si j’allais aller voir ce film où un enfant est enterré vivant. Et j’y suis allé, et ça m’a fait peur, quand ils ouvrent le cercueil et que l’enfant est devenu tout noir d’asphyxie… Ce que je veux dire c’est que c’était interdit, ce genre de choses.

ER : Ma mère m’interdisait de regarder L’Homme au Masque de Cire

SK : Et là BINGO “il faut que j’aille le voir !!!”

ER : Exactement ! Mais c’était drôle que pour ma mère L’Homme au Masque de Cire ce soit interdit. Je pouvais regarder Massacre à la Tronçonneuse, Dawn of the Dead… Chaque génération a son Homme au Masque de Cire.

SK : Le film qui marchait le mieux pour moi étant enfant, pour de nombreuses raisons complexes, c’était L’invasion des Profanateurs de Sépultures. Et une de ces raisons est que je suis tombé amoureux de la fille, Beckie, qui se transforme à la fin. Je me souviens de la chair de poule que j’ai eue quand on voit son visage pâle à la fin… J’ai montré ce film à une classe d’Université à qui j’enseignais sur les films d’horreur. Ils ont rit.

Er : Il aurait fallu leur montrer le remake… The Shining. Je l’ai vu quand j’étais enfant. Je n’étais pas assez vieux pour lire le livre, j’avais 10 ans j’aurais pu le lire mais ça aurait été un peu trop pour moi. Je l’ai regardé, et je me souviens avoir été complètement perdu, à vouloir le revoir pour comprendre. Tu n’en as jamais été fan. C’est si différent du livre. Est-ce que tu es quand même capable d’apprécier le film ?

SK : J’ai pu l’apprécier autant que tu peux apprécier une belle Cadillac sans moteur. C’est un très beau film à regarder. La musique est superbe. Je l’ai déjà dit. Mon avis c’est qu’il n’y a aucun personnage du livre. Jack Torrance est normalement un homme sympa qui essaye d’aller mieux pour sa famille et pour lui-même. Jack Torrance joué par Jack Nicholson : il est fou dès la première minute quand il est dans le bureau d’Ullman. Kubrick a pris un livre fort, effrayant, plein de suspens et en a fait un film vide. Je me souviens de la projection. Jack Nicholson était là et à la fin du film il m’a dit “tu ne sais pas s’il en a fini avec toi, non ?” et j’ai dit que c’était le problème.

ER : Mais les ascenseurs avec tout ce sang, les jumelles maléfiques… Es-tu capable d’apprécier ce genre d’élément ou c’est trop frustrant que ça ne colle pas avec ce que tu as écrit ?

SK : C’est visuellement fantastique, comme l’est une belle Cadillac comme je disais. À quoi servent ces images ? C’est la question. Ce n’est pas comme Massacre à la Tronçonneuse où tu comprends pourquoi ce qui se passe est en train de se passer. Shelley Duvall n’est qu’une serpillière qui crie. Si tu faisais ce film aujourd’hui, peux-tu imaginer après le mouvement #metoo… Peut-être que ça serait accepté car ce serait une représentation parfaite de l’abus.

ER : Parlons de Cujo. Je ne sais pas si c’est sous-estimé ou si on n’en parle pas assez, mais tous ceux qui l’ont vu l’ont aimé. Je me rappelle la première fois que je l’ai vu. C’est une idée si simple. Ce film était terrifiant, j’étais pétrifié.

SK : Quand les gens me demandent quel est mon film préféré, je parle toujours de Cujo. Les critiques de film ont des préjugés sur les films d’horreur. Je vais te dire. J’ai été tellement en colère contre l’Académie des Oscars, l’autre soir. Dans un petit flash on a vu Grippe-Sou et ça a été tout. Personne ne l’a mentionné, n’en a parlé, pas de nomination mais je veux dire, allez ! Il rapporte 700 millions de dollars à travers le monde, et en plus c’est un bon film. Bill Skarsgard a tout donné pour jouer Grippe-Sou. Les gamins étaient géniaux. Ce Finn Wolfhard qui joue Richie… Sa performance était semblable à celle de la fille de Ryan O’Neil dans La Barbe à Papa. Elle a gagné un oscar, il n’a même pas été nommé. Aucun ne l’a été. Costume, design… Rien du tout.

ER : James McAvoy n’a pas été nommé pour Split alors qu’il joue 27 personnages différents. Dee Wallace dans Cujo

SK : Dee Wallace aurait dû être nommée ! C’était une grande performance. Et le film est si simple. Pour moi l’horreur est toujours une question de situation. C’est quelque chose où tu te dis à toi-même “ok, on va mettre une femme et un enfant dans une voiture, et on va voir ce qu’il se passe” et c’est une journée chaude d’été et ça fonctionne comme ça. Il y a eu 7 chiens différents, ils ont construit une Ford Pinto en aluminium pour que quand le chien cogne la porte elle puisse se plier. Les gens de la société de production sont venus me voir alors que j’étais à New York. On s’est assis, on a discuté, et un homme a dit “je vais dire quelque chose qui ne va surement pas vous plaire”. Il m’a dit “on pense que le petit garçon devrait survivre à la fin du film”, car Ted meurt à la fin du livre. Je leur ai dit “écoutez, si vous faites un film c’est un public différent avec des attentes différentes. Si ce petit garçon meurt, je pense qu’il vont sortir des cinémas et vont vouloir vous lyncher, mais que Dieu soit avec vous”. J’ai toujours pensé ça des films, fais ce que tu dois faire et on verra ce qui marche et ce qui ne marche pas. J’ai toujours trouvé que ce que j’écris fonctionne bien et qu’ils devraient faire ça mais s’ils ne le font pas, que Dieu soit avec eux. Ted survit à la fin du film. Mais il y a une scène plus tôt quand Cujo est mordu par une chauve-souris et attrape la rage. Puis le chien lèche le visage du petit garçon. Je dis toujours aux gens : “Vous savez le petit garçon survit à la fin du film mais après que le film soit terminé il meurt dans d’atroces souffrances…”.

ER : De la rage oui, il n’y a pas de remède contre la rage.

SK : C’est un bon film. Il reste simple et ça fonctionne bien. Il devait être réalisé par celui qui a réalisé Woodstock. Michael Wadleigh. Il a fait deux jours de tournage et il a abandonné.

ER : Lewis Teague a réalisé Cujo mais il a aussi fait Cat’s Eye. J’ai adoré Cat’s Eye, c’était comme un Creepshow PG13 mais cette image de la fille qui danse a été une des images les plus traumatisantes pour moi. Une des meilleures adaptations de ton travail que j’ai pu voir.

SK : J’ai parlé à Lewis de Cat’s Eye avant qu’ils commencent à tourner. Cat’s Eye était le deuxième film PG13 à sortir. Le tout premier était Runaway je crois, parce que j’ai eu peur quand ils m’ont dit qu’ils en feraient un film PG13. Je pensais que personne n’irait voir un film PG13 car les parents des jeunes enfants penseraient que ça fait trop peur et que ceux un peu plus vieux penseraient que ça serait trop enfantin. Et pendant un moment, les films PG13 ne marchaient pas très bien. Je suis retourné voir Lewis Teague et je lui ai parlé de cette règle qui dit de ne jamais travailler avec des animaux ou des enfants et il a dit qu’il n’avait jamais eu ce problème.

ER : Les vampires… Les Vampires de Salem m’a glacé… Déjà en tant que juif, cette histoire de croix, et si un vampire était juif est-ce que ça marcherait ?

SK : Dans le livre le prêtre utilise cette croix sur le vampire et le vampire la récupère et la casse en deux en disant “ça ne marche que si tu y crois”.

ER : Mais je me souviens avoir été si effrayé par ce film. Pas seulement à cause de l’apparence du vampire. Mais parce que ça se passait en journée, c’était la première fois que je voyais un film d’horreur se dérouler de jour. Ça m’a pétrifié. Il y avait une grande mode des vampires romantiques, sexy, et tu les as vraiment re-rendus complètement terrifiants.

Sk : Reggie Nalder était super dans le rôle du vampire.

ER : Ecrire Salem, tourner le film… Qu’est-ce que tu aimes ou détestes à propos des vampires romantiques par rapport à l’homme mort qui fait peur ?

SK : Les vampires sont censés être horribles. Je veux dire j’ai grandi en lisant Dracula, la puanteur de la tombe, le cimetière dans lequel était le vampire avec les vers qui rampent… Tout était censé être sale et moche… Je voulais ce genre de vampire. Je n’ai jamais été vraiment intéressé par la vision romantique d’Entretien avec un Vampire… Tom Cruise…

ER : Entretien avec un Vampire, tout le monde se disait “pourquoi il ne vont pas juste se mettre au soleil, ils ne font que se plaindre, ils veulent se tuer pourquoi ils ne le font pas ?”. Mais je pense que, parce qu’il y avait Tom Cruise et Brad Pitt, Entretien avec un Vampire a initié beaucoup de personnes à l’horreur.

SK : Le truc c’est que l’idée du vampire romantique a toujours été populaire auprès des ados et des jeunes vingtenaires, surtout les femmes, parce qu’il est très hypnotique et très beau et après tout qu’est-ce qu’il va faire ? Il va être un bon amant ! Mais ce n’est pas ce qu’il est censé être. Je suis un classiciste.

ER : Il y avait une photo d’un gamin au comic con, quand Twilight est sorti, il avait une énorme pancarte qui disait NOSFERATU NE BRILLAIT PAS !

SK : Je me souviens, à une séance de dédicaces, peu après que le livre soit sorti. Un gamin vient me voir et me dit “vous savez vous devriez faire une suite”, il était le seul à lire de sa famille et il avait lu Salem en boucle. Mais Tobe Hooper l’a fait…

ER : D’ailleurs pour revenir aux oscars j’étais très énervé que Tobe Hooper ne soit pas mentionné dans le memorium… Je veux dire ce mec a fait Massacre à la Tronçonneuse, Poltergeist, Salem… Il a fait tellement de films précurseurs… Mais parce que c’est de l’horreur, ils pensent que ça ne compte pas.

SK : C’est vrai. Mais d’un autre côté, j’étais dans ce montage !

ER : Est-ce qu’il y a une de tes adaptations qui pour toi correspond exactement à ce que tu avais en tête ?

SK : Dans les films d’horreur, la version de Jessie sur Netflix, il y a cette scène de peau arrachée très difficile à regarder… C’est un super moment dans un très bon film. Il y a des choses dans Christine de John Carpenter que j’aime beaucoup avec la voiture en feu… Mais si je devais dire quel est LE film qui fait vraiment vraiment peur et qui est implacable je citerais surement Misery de Rob Reiner. Tout est fait pour arriver à cette scène où…

ER : Le pingouin ! Qu’il soit entravé est efficace mais la scène du pingouin… Quand il remet le pingouin dans le mauvais sens tout le public est genre “NOOOONNNN ELLE VA SAVOIR ELLE VA SAVOIR” c’est aussi simple que c’est efficace.

SK : Une des choses qui a fait que ce film fonctionne, que Rob Reiner était la personne parfaite pour le faire, c’est que l’humour et l’horreur sont vraiment deux faces de la même pièce. Ça arrête d’être drôle quand ça arrête d’être toi. Très souvent dans un film d’horreur, quelque chose de vraiment terrible arrivera et l’audience criera et ensuite ils riront. Et Misery a beaucoup de choses drôles, ce truc avec Liberace n’était pas dans le livre.

ER : Misery et le Silence des Agneaux, c’étaient des films d’horreur mais il fallait les appeler des thrillers pour qu’ils puissent gagner des Oscars… C’était la première fois ! Aujourd’hui on a Get Out ou Guillermo avec La Forme de l’Eau.

SK : Ça c’était vraiment excellent.

ER : C’était une version de L’Étrange Créature du Lac Noir faite pour les oscars.

SK : Eli… Je t’en prie… Quel respect veux-tu avoir ? Parce j’ai l’impression que plus on a de respect de leur part, moins on fait notre travail.

ER : Mon dernier film a la note de 15% sur Rotten Tomato par les critiques, et le public a mis 85%. J’ai fait mon job.

SK : C’est pour ça que j’aime février et mars. Si je vois un film sur Rotten Tomato qui est mal noté par les critiques, j’ai envie d’aller le voir.

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