Eleanor Davis - New York Times

Stephen King vient de publier sur le site du New York Times un essai intitulé “Un auteur peut-il être trop productif ?”

Pointé du doigt, en bien ou en mal, pour sa plume prolifique, c’est assez naturellement que King s’est penché sur ce thème. Il entame d’ailleurs son essai sur cette tendance qu’ont les critiques à ne pas prendre au sérieux des auteurs qui publient beaucoup de livres. Il a lui-même souvent souffert de ces jugements : “L’idée reçue qu’écrire beaucoup revient à écrire mal doit être prise avec précaution. La plupart du temps, elle se vérifie. (…) On se souvient du ‘bon mot’ de Truman Capote à propos de Jack Kerouac : ‘Ce n’est pas écrire, c’est taper.’ Pourtant, des auteurs prolifiques ont marqué la conscience collective.” Et son premier exemple est des plus parlants : Agatha Christie, “auteur la plus populaire du 20ème siècle” a publié pas moins de 91 romans.

S’il reconnaît que les livres d’Agatha Christie ne sont pas de la grande littérature, il salue ceux qui sont extrêmement bons ainsi que les deux héros légendaires qu’elle a créé et que tout le monde connaît : Miss Marple et Hercule Poirot, “qui sont devenus quasiment immortels”. Il complimente également le style de l’auteur, puis continue son argumentation avec l’exemple d’un auteur du milieu du 20ème : John  D. MacDonald.

 

Dans la deuxième partie de son essai, Stephen King aborde l’angle opposé : ces auteurs qui ont publié peu de romans mais qui sont unanimement reconnus pour leur talent. A l’image des auteurs américains Donna Tartt (trois romans depuis 1992) et Jonathan Franzen (cinq romans à son actif).

“Il est aisé de regarder ces quelques livres, chacun de très bonne qualité, et d’en conclure que moins il y en a et meilleur c’est. (…) Je comprends que chacun d’entre nous travaille à un rythme différent. Que chacun de ces auteurs soit soigneux, réfléchisse à ce que chaque phrase -chaque mot- aie du poids. (…) Je comprends avec mes propres travaux que la hâte peut faire beaucoup de déchets.”

 

S’il reconnaît être très prolifique (il a déjà publié plus de 55 romans; 4 ont été publiés la même année; il a écrit Running Man en seulement une semaine…), il déclare ne pas avoir eu le choix. Depuis qu’il est jeune, toutes ces idées s’imposent à lui. “Il y a des jours où je pensais que toutes ces voix dans ma tête allaient me rendre fou.”

“Mon hypothèse est que parfois la prolificité est inévitable et se justifie. Tout le monde n’est pas de cet avis. Je me souviens d’une soirée où une personne auto-proclamée juge littéraire disait de Joyce Carol Oates était comme ‘La vieille dame dans sa chaussure’, qu’elle avait tellement d’enfants qu’elle ne savait pas quoi en faire. En vérité, Mme Oates sait exactement ce qu’elle fait et pourquoi elle le fait. ‘J’ai encore des histoires à raconter’, écrit-elle dans ses mémoires, et ‘quelques romans’. Je m’en réjoui, car j’ai envie de les lire.” 

 

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