En ce mois d’avril 2014, Stephen King fête ses 40 ans de carrière avec l’anniversaire de son premier roman publié : Carrie. C’est le 5 avril 1974 que Doubleday le publiait pour la première fois, à 30 000 exemplaires. L’occasion, comme le site du Guardian, de se replonger dans Ecriture, mémoires d’un métier où Stephen King abordait, en 2000, la genèse du roman qui l’a révélé au public.

 

Carrie - Première édition
Carrie – Première édition

 

“Alors qu’il allait au lycée mon frère Dave a travaillé quelques étés comme concierge à Brunswick High. J’y ai travaillé aussi pendant une partie d’un été. Un jour j’ai du gratter la rouille des murs dans les douches des filles. J’ai remarqué qu’il y avait dans ces douches, contrairement à celles dans les vestiaires des garçons, des rideaux accrochés et des petits verrous en U.

Ce souvenir m’est revenu alors que je travaillais à la blanchisserie. J’ai commencé à imaginer le début d’une histoire : de jeunes filles qui se douchent dans un vestiaire sans rideau rose, ni verrou en forme de U, en somme sans aucune intimité. Et cette fille commence à avoir ses règles. Sauf qu’elle ne sait pas ce que c’est et les autres filles – dégoûtées, horrifiées, amusées – commencent à la bombarder de serviettes hygiéniques… La fille commence à crier. Et tout ce sang ! 

J’avais lu un article dans le magazine LIFE quelques années auparavant, rapportant que plusieurs activités paranormales pourraient être en fait causées par un phénomène télékinétique – la télékinésie étant l’habilité à bouger des objets par la pensée. Il était évident que cela insinuait que de jeunes personnes pouvaient avoir de tels pouvoirs, selon l’article, surtout de jeunes adolescentes, au moment de leurs premières –

Pow ! Deux idées indépendantes, la cruauté de l’adolescence et la télékinésie, réunies dans ma tête ; et ça m’a donné une idée…

Avant même d’avoir terminé deux pages, mes propres fantômes ont commencé à se manifester; les fantômes de deux filles décédées, qui se sont au final combinées pour créer le personnage Carrie White. J’appellerai une Tina White et l’autre Sandra Irving.

Tina allait avec moi à l’école élémentaire de Durham. Il y avait un mouton noir dans chaque classe et le gamin qui perdait en premier aux chaises musicales, celui qui finissait un jour ou l’autre par porter un écriteau avec inscrit FRAPPEZ-MOI, celui qui se tenait tout au bout de la chaîne alimentaire, c’était Tina. Pas parce qu’elle était stupide (ce qu’elle n’était pas) ni parce que sa famille était spéciale (elle l’était), mais parce qu’elle portait les mêmes vêtements chaque jour.

Sandra Irving vivait à un mile et demi de la maison où j’ai grandi. Madame Irving m’a embauché un jour pour l’aider à déménager quelques affaires… Et j’ai été frappé par le crucifix pendu au mur du salon, au-dessus du canapé. Si une icône aussi gigantesque était tombée lorsque le couple regardait la télé, la personne sur laquelle elle avait chuté se serait quasiment faite tuer.

J’ai fait trois pages de brouillon en interligne simple, puis les ai chiffonnées et jeté avec dégoût.

La nuit suivante, alors que je rentre de l’école, ma femme Tabby tenait les pages. Elle les avait surprises en vidant ma corbeille, avait secoué les cendres de cigarette hors des boulettes de papier froissé, les a lissées et s’est mise à les lire. Elle voulait que je continue. Elle voulait connaître la suite de l’histoire.”

La suite, nous la connaissons. Doubleday publie le livre à 30 000 exemplaires, dont 13 000 sont vendus la première année. L’année suivante il sort en poche et se vend à plus d’un million d’exemplaires, fort du succès de l’adaptation par Brian de Palma. La carrière de Stephen King est lancée.

En novembre dernier, lors de sa conférence de presse à Paris (à revivre ici), King se souvenait du jour où il a reçu le coup de téléphone qui lui a annoncé que Carrie allait être publié pour une jolie somme d’argent. Il a voulu acheter un cadeau de remerciements à sa femme avant qu’elle ne rentre à la maison. Mais ce jour là tout était fermé sauf un drugstore… il lui a acheté un sèche-cheveux !

 

A lire aussi, l’article d’Allocine : Comment est née Carrie ? Stephen King se souvient !

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