Stephen King a accueilli chez lui Jeffrey Brown, journaliste de la chaîne américaine PBS News, pour parler de sa carrière et de son dernier recueil de nouvelles, You Like it Darker. La chaîne vient de poster le reportage sur sa chaine YouTube en 2 vidéos. Retrouvez-les ci-dessous, ainsi que ma traduction de ce qu’on y apprend !

Interrogé sur le titre de son dernier livre, You Like it Darker (littéralement : “Vous l’aimez plus sombre”, il explique que “darker” (“plus sombre”) signifie pour lui “effrayant” : “Faisons travailler nos émotions déplaisantes. Je pense que les gens aiment l’idée d’ouvrir une porte et de se dire ‘je voudrais que ça soit plus sombre’. Ah vous voulez que ça soit plus sombre ? Nous avons là un accord, alors partons dans les bois ensemble.”

Accueillant le journaliste dans sa maison de Lovell, dans le Maine (il ne vit plus à Bangor : Lovell l’été, Sarasota en Floride l’hiver), il explique qu’il aime le Maine. “Je suis un gamin de la campagne, pas de la ville. Je connais les gens ici. Je veux écrire sur des gens ordinaires du mieux possible, même dans leurs moments sombres. Je suis intéressé par ce qu’il se produit quand des personnes ordinaires sont soudainement confrontées à des choses aux antipodes de leur quotidien. Je pense que la littérature au sens large parle de gens extraordinaires dans des situations ordinaires. Je veux parler de gens ordinaires dans des situations extraordinaires.”

En voix off, le journaliste rappelle que King est issue de la classe ouvrière et a grandi dans le Maine, élevé avec son frère par sa mère. Il a commencé à écrire très tôt des colonnes dans les journaux de ses écoles. A l’Université du Maine, il a rencontré Tabitha, une autrice qui est son épouse depuis 53 ans. King revient sur leurs premières années où ils enchaînaient les petits emplois pour réussir à terminer les mois.

“Je voulais soutenir ma famille, pouvoir dire que j’y avais travaillé. Ma femme travaillait aussi, chez Dunkin Donuts, elle sentait le sucre quand elle rentrait. Elle était si mignonne.”

Jeffrey Brown revient sur les addictions passées de Stephen King (alcool, drogues) et sur son accident de 1999 qui l’a laissé avec des séquelles physiques. Il lui demande si on peut écrire plus sombre sans avoir soi-même une part d’obscurité. “Essentiellement, je suis un bon gars. Bon père de famille, bon mari… Tout ce qui est dans le côté obscure ressort dans les histoires et n’a pas besoin de ressortir dans la vraie vie. Je me suis beaucoup dit que j’aurais pu être une mauvaise personne, mais les histoires que je raconte sont une soupape.”

Et c’est sans doute comme ça que ses histoires fonctionnent pour nous aussi : des sas de décompression. Tout comme ses adaptations, qui sont très nombreuses : “Mon premier éditeur avait pour habitude de dire que j’avais une caméra de film dans la tête. Mes histoires sont très visuelles. Je suis la première génération à avoir grandi avec des films et la télévision, et ça m’a beaucoup marqué. J’ai donc la tendance à voir les choses et ça fait complètement partie du plaisir.”

À propos des critiques qu’il a pu recevoir sur ses écrits : “Il y a une époque où j’avais l’impression qu’on ne me prendrait jamais au sérieux en tant qu’auteur. Que je serai toujours réduit à quelqu’un qui se fait de l’argent. Ça m’a rendu en colère parce qu’il me semblait qu’il y avait un préjugé sur la fiction populaire qui dit que si tout le monde lit quelque chose, c’est que ça ne peut pas être très bon. Je n’ai jamais été d’accord avec ça. Pour moi les gens peuvent lire et apprécier à bien des niveaux. J’ai vieilli, je ne m’en soucie plus aujourd’hui. Et la plupart des critiques qui n’aimaient pas mon travail sont désormais morts, alors on les emmerde.”

Dans son livre Écriture, Stephen King a indiqué qu’il n’est pas seulement l’auteur d’une histoire, il en est aussi le premier lecteur. “Il décou”Non seulement je veux découvrir l’intrigue de l’histoire, mais je veux aussi en savourer les meilleurs passages. Des fois tu te dis ‘Oh j’ai écrit une super ligne là.’ C’est super cool.”

Mais comment fait-il pour avoir autant d’idées ? “Je ne peux pas l’expliquer, c’est ce qu’il y a de merveilleux avec ce que je fais. C’est comme être ceinturé par une idée.” Comme ç’a été le cas pour l’histoire Danny Caughlin’s Bad Dream (du recueil You Like it Darker) : “En me levant un jour je me suis demandé ce qu’il se passerait si un gars ordinaire avait une vision psychique dans un rêve de l’endroit où un corps est enterré, et qu’en s’y rendant il y trouve effectivement un corps. Les gens croiraient-ils qu’il a eu cette vision ou penseraient-ils que c’est lui qui a commis le crime ? J’ai eu cette idée alors que j’enfilais un pantalon, j’avais juste une jambe d’enfilée et j’ai eu cette idée. Le temps d’enfiler l’autre jambe, j’avais déjà quasiment l’histoire complète dans ma tête. C’est trivial mais c’est comme ça que mon cerveau fonctionne.”

“J’ai beaucoup de chance de pouvoir faire ce que je fais. J’adore raconter des histoires. Je suis payé pour faire quelque chose que je ferais gratuitement.”

Dans cette deuxième vidéo, Stephen King recommande plusieurs livres :

  • A Unfinished Love Story de Doris Kearns Goodwin “sur les années 60, c’est un bon livre”
  • Du bout des doigts (Fingersmith) de Sarah Waters, qu’il a recommandé à son agent
  • Fever House de Keith Rosson, “une lecture très effrayante”
  • The Reformatory de Tananarive Due, “une merveilleuse histoire effrayante, un très beau roman sur un jeune garçon noir envoyé dans une maison de redressement pour enfants en Floride”

Et ses “plaisirs coupables” en séries ou films quand il veut prendre de la distance avec l’écriture :

  • La série Evil sur Paramount Plus, “c’est drôle et cinglant”
  • La série Mayor of Kingstown avec Jeremy Renner, disponible en France sur myCANAL et Amazon Prime Video
  • La série The Good Wife, “une super série que j’ai beaucoup aimée, et le spin off The Good Fight était très malin”

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