En 2015, Luz confiait avoir envoyé une lettre dessinée de 14 pages à Stephen King pour lui demander d’adapter Shining. Aujourd’hui il en publie une partie dans les Inrocks.
Caricaturiste de presse et auteur de bandes dessinées, Luz a collaboré de nombreuses années à Charlie Hebdo. En 2015 il annonçait dans une longue interview au Monde sa volonté de quitter la rédaction : “Je ne serai plus Charlie Hebdo mais je serai toujours Charlie”.
Dans la même interview, on apprenait qu’il souhaitait adapter Shining : “En ce moment, je suis à fond dans la relecture – en anglais – de Shining, de Stephen King. Le roman est tellement mieux que le film… King parle de l’intérieur de ses personnages – un peu comme je l’ai fait, moi aussi. Il se dédouble dans son écriture et devient même triple : il est le narrateur, il raconte ce qu’il y a dans la tête des protagonistes à la première personne et il nous parle de chacun dans un style différent. Je me retrouve beaucoup dans cette complexité et dans la dissociation intérieure que j’ai vécue et que je vis encore un peu, ce glissement horrifique vers la folie qu’il décrit si bien. Je suis en train de lui écrire une lettre, en dessin, pour lui demander l’autorisation d’adapter son roman en BD.”
Cette lettre il l’a écrite et envoyée il y a 5 ans, mais il n’a vraisemblablement jamais eu de réponse. Dans le numéro des Inrocks qui vient de sortir, Luz explique que le roman a sauvé sa vie après les attentats de Charlie Hebdo. “L’histoire de King était plus horrifique que ce je vivais et était mille fois mieux que le film de Kubrick, assez misogyne. (…) En tout cas, il a fallu que je lise des livres-miroirs de mon gouffre. Je me suis aussi tourné vers Lovecraft, quelqu’un qui raconte comme personne l’indicible.”
Dans ce numéro des Inrocks il publie aussi 4 pages de la lettre qu’il a dessinée à King (qui en fait 14) avec le message suivant : “Dans le numéro #1013 des Inrocks d’avril 2015, je terminais l’interview menée par Anne Laffeter qui m’était consacrée sur mon envie d’adapter Shining de Stephen King. Quelques semaines plus tard, je lui dessinais une longue lettre de quatorze pages. Alain David, qui venait tout juste d’éditer “Catharsis” chez Futuropolis, a envoyé les originaux par la poste, direction Bangor, le Maine, USA. Sans réponse. Cette semaine, j’utilise une nouvelle fois les Inrocks comme une bouteille à la mer vers l’écrivain outre-Atlantique et publie en exclu cette missive toujours d’actu.”
En espérant que King réponde par la positive cette fois-ci, car la bande-dessinée est un medium d’adaptation précieux, trop peu utilisé dans l’univers de Stephen King.