Stephen King devait être interviewé par Stephen Colbert dans son Late Show le 28 avril dernier mais ça ne s’est finalement pas fait. L’erreur est réparée et King a parlé à Colbert dans son émission d’hier soir.

Retrouvez après la vidéo ma retranscription des échanges.

Colbert lance King sur une première question : “Ta carrière entière a été d’imaginer des scénarios horrifiques. Comment gères-tu que celui-ci soit réel ?”

“Je fais comme tout le monde. Je suis chez moi la plupart du temps et quand je vais faire des courses je mets mon masque. Et quand je rentre je me lave les mains, parce que j’imagine –l’imagination est un fardeau quand elle se retourne contre toi– je peux imaginer les germes aussi gros que des roues de wagon sur mes mains et grimpant sur mes bras jusqu’à mon visage.”

A propos de Donald Trump :

King :“Cette histoire de boire de l’eau de Javel m’a renversé. Les gens me disent depuis des années que j’ai en quelque sorte prévu Donald Trump. J’ai écrit Dead Zone et ce personnage, un comédien de la télévision qui charme les gens et dit à tout le monde qu’il va régler les problèmes de pollution et que toutes les poubelles il va les envoyer dans l’espace ! Et puis il tient un hot dog et dit ‘vous direz HOT DOG quand vous élirez Greg Stilson comme président’. Et franchement envoyer les poubelles dans l’espace est similaire à injecter de l’eau de Javel dans le corps humain.”

Colbert : “Si tu avais écrit le scénario dans lequel on se trouve, est-ce que tout se serait passé de la même façon ?”

King :“J’ai écrit Le Fléau en 1975 ou 76 et je m’en excuse toujours car 40 ou 50 ans plus tard les gens viennent vers moi et me disent par-dessus leur masque qu’ils ont l’impression de vivre dans une histoire de Stephen King. Ma réponse est que j’en suis désolé. Mais quand je l’ai écrit j’avais juste eu l’idée après une fuite chimique en Utah. Et je suis allé voir un médecin que je connaissais et je lui ai demandé un scénario pour une pandémie qui éliminerait 99% de la population, et ses yeux se sont illuminés. Ils adorent ce genre de scénario apocalyptique, “et si !”. Et il m’a dit que la grippe serait ce qu’il y a de mieux. C’est un virus, ce n’est ni vivant ni mort, personne ne sait vraiment ce que c’est. Et le truc avec la grippe c’est que chaque année elle revient, mais sous une forme différente, donc tu as besoin d’un vaccin différent. Et ma crainte à propos du coronavirus est que les choses reviennent à la normale, et que le virus mute puis qu’il revienne. Ce qui laisse deux possibilités : qu’il revienne plus faible et ce n’est pas un gros problème ; mais le scénario cauchemardesque, et évidemment c’est à celui-ci que je pense, désolé : c’est qu’il revienne plus mortel que jamais.”

Colbert : “Quel est le rôle d’une histoire d’horreur en ce moment, alors qu’on vit dans une sorte de dystopie ?”

King :“Je pense que les gens se tournent vers les histoires d’horreur quand les temps sont durs et effrayants, et c’est le cas en ce moment. Quand tu te tournes vers une histoire d’horreur, comme If It Bleeds, ou Jessie ou n’importe quoi de ce que j’ai écrit, tu le lis et les événements sont plus horribles que d’être confiné chez soi sans papier toilette. Quand tu le termines, tu fermes le livre et tu as un endroit où mettre tes peurs pendant un petit moment. Tu peux te dire que ces problèmes sont plus graves que tes problèmes, et tu fermes le livre, et tu vas te coucher, et tu dors comme un bébé.”

Colbert : “Avec lequel des personnages que tu as écrit tu ne voudrais pas du tout être confiné ?” (Stephen King rigole) “Ou avec qui tu voudrais l’être !”

King :“Je ne voudrais pas être confiné avec Annie Wilkes ! Parce qu’elle penserait que je suis un ‘Cock-a-Doodie’ morveux et elle dirait ‘Stephen, j’ai une idée merveilleuse pour un livre, et je veux que tu l’écrives, ou je te couperai les pieds’. Donc je ne voudrais pas être confiné avec elle.”

Colbert : “Et avec Jack Torrance ? de Shining ?”

King :“Non plus parce que j’aurais peur qu’il commence à écrire ‘All work and no play makes Jack a dull boy’. Ça m’inquiéterait. Mais je pourrais être confiné avec Holly Gibney de If It Bleeds, elle a un trouble obsessionnel, des tics et des tocs, mais c’est une bonne personne…”

Colbert : “C’est la préférée des fans ? Elle est de retour dans ce recueil”

King : “Elle est de retour. Je ne sais pas si c’est la préférée des fans, mais c’est ma préférée alors les gens sont coincés avec elle dans ce livre quoi qu’il arrive.”

Colbert : “On t’a récemment demandé tes 10 livres préférés et tu as mis Le Seigneur des Anneaux sur la liste. Je suis un énorme fan du Seigneur des Anneaux. D’un point de vue de romancier, qu’est-ce que tu aimes dans ces livres ?”

King : “C’est un des livres qui m’a appris comment écrire de la fiction. Parce que le héro est un hobbit, une petite créature avec des pieds poilus et il mange 12 fois par jour et on sait qu’il n’y a rien de semblable. Mais c’est un type ordinaire, il a un grand coeur, un coeur énorme et beaucoup de courage, et on aimerait tous en avoir surtout dans des circonstances pareil, et il entreprend une quête avec ses amis, et j’adore les histoires d’amitié. De forte camaraderie. Et je pense que c’est le cas de tout le monde. Quel est ton personnage préféré du Seigneur des Anneaux ?”

Colbert : “Oh… Eh bien, Sam.”

King : “Sam Gamgee est mon personnage préféré aussi. Aucun doute là-dessus. Je me souviens toujours de cette phrase qui m’a fait pleurer, c’est quand l’anneau est un trop lourd fardeau pour Frodo, Sam lui dit ‘je vous porterai monsieur Frodo’, et il l’a porté. C’est un très beau moment, une très belle histoire.”

Colbert : “J’adore ce passage où une nuit il voit une lumière émaner de Frodo, il le perçoit comme un vaisseau de lumière et se dit que Frodo est comme ça, fait de lumière, et que des fois ça transperce. J’adore ce moment où il réalise à quel point il l’aime et l’admire.”

King : “C’est une histoire simple, mais c’est bien raconté, et tu peux la suivre facilement. C’est particulièrement bon dans des moments comme celui-ci. Et je voudrais dire aux gens qui en ont marre d’être confinés que c’est un bel endroit où aller, un bel endroit où mettre votre coeur pour… Sacrément longtemps ! Parce qu’il y a beaucoup de pages ! Mais c’est un de ces livres où quand je suis arrivé à la fin, je me suis dit qu’il se passerait beaucoup de temps, peut-être des années, avant que je ne lise quelque chose d’aussi bon.”

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