Un nouveau rapport sur les interdictions de livres dans les écoles américaines révèle que Stephen King est l’auteur le plus susceptible d’être censuré et que le pays est divisé entre les États qui restreignent activement les œuvres et ceux qui tentent de limiter ou d’éliminer les interdictions.

Author and honoree Stephen King at the PEN America Literary Gala in New York, U.S., May 22, 2018. REUTERS/Lucas Jackson

Le rapport « Banned in the USA » (“Interdit/banni aux États-Unis”) de PEN America, publié le 1er octobre, recense plus de 6 800 cas de livres retirés temporairement ou définitivement pour l’année scolaire 2024-2025. Ce nouveau chiffre est en baisse par rapport aux plus de 10 000 cas recensés en 2023-2024, mais reste bien supérieur aux niveaux enregistrés il y a quelques années, lorsque PEN ne voyait même pas la nécessité d’un tel rapport.

Environ 80 % de ces interdictions proviennent de seulement trois États qui ont promulgué ou tenté de promulguer des lois exigeant le retrait des livres jugés choquants : la Floride, le Texas et le Tennessee. Parallèlement, PEN n’a trouvé que peu ou pas de cas de retrait dans plusieurs autres États, notamment l’Illinois, le Maryland et le New Jersey, qui ont adopté des lois limitant le pouvoir des écoles et des bibliothèques publiques de retirer des livres.

« On assiste de plus en plus à une division entre deux pays », déclare Kasey Meehan, directrice du programme Freedom to Read (Liberté de lire) de PEN et autrice du rapport. « Et il ne s’agit pas seulement d’une histoire d’États rouges et d’États bleus. En Floride, tous les districts scolaires n’ont pas répondu aux appels à l’interdiction de livres. On constate des différences d’un comté à l’autre. »

Selon PEN, les livres de King ont été censurés 206 fois, dont Carrie et Le Fléau parmi les 87 œuvres concernées. L’œuvre la plus interdite de tous les auteurs est le classique dystopique d’Anthony Burgess des années 1960, Orange mécanique, pour lequel PEN a recensé 23 retraits.

Les raisons souvent invoquées pour retirer un livre comprennent les thèmes LGBTQ+, les représentations raciales et les passages contenant de la violence et des violences sexuelles. Une tendance persistante que PEN constate s’est intensifiée : des milliers de livres ont été retirés des rayons en prévision de pressions communautaires, politiques ou juridiques plutôt qu’en réponse à une menace directe.

« Cela fonctionne comme une forme d'”obéissance anticipée” », indique le rapport, « enracinée dans la peur ou simplement dans le désir d’éviter des sujets qui pourraient être considérés comme controversés ».

Le rapport du PEN intervient dans un contexte de censure continue non seulement de la part des États et des militants conservateurs, mais aussi du gouvernement fédéral. Le ministère de l’Éducation a mis fin à une initiative de l’administration Biden visant à enquêter sur la légalité des interdictions et a qualifié toute cette affaire de « canular ». Les chiffres de PEN incluent le retrait par le ministère de la Défense de centaines de livres des bibliothèques scolaires K-12 destinées aux familles de militaires, dans le cadre d’une campagne globale contre les initiatives DEI et la pensée « anti-américaine ».

En Floride, où plus de 2 000 livres ont été bannis ou soumis à des restrictions, une poignée de comtés ont été responsables d’une grande partie des retraits de livres de King : des dizaines d’ouvrages ont été retirés l’année dernière dans le cadre d’un examen visant à vérifier leur conformité avec les lois de l’État. Je vous en parlais dans cet article :

« Ses livres sont souvent retirés des rayons lorsque des titres “pour adultes” ou des livres à “contenu sexuel” sont visés par des mesures de retrait. Ces interdictions visent principalement les contenus LGBTQ+ et les livres traitant de la race, du racisme et des personnes de couleur, mais elles touchent également des titres tels que les livres de Stephen King », explique Meehan. « Certains districts, par excès de prudence ou par crainte de sanctions, vont si loin dans leurs mesures qu’ils finissent par retirer également l’accès aux livres de Stephen King. »

Sur ses réseaux sociaux et dans une récente interview, King a appelé les habitants et habitantes de ces Etats à emprunter ses livres dans des bibliothèques ou à les feuilleter en supermarché pour qu’ils et elles puissent voir par d’eux-mêmes ce qui a causé de ces bannissements.

De nombreux bibliothécaires et enseignants continuent de défendre l’utilisation des œuvres de King dans le cadre scolaire, arguant que les jeunes ont le droit de choisir ce qu’ils lisent et de développer leur propre opinion sur des sujets difficiles.

Les bannissements de livres, que ce soit en Floride ou ailleurs, ne sont jamais anodins. Ils touchent à une question essentielle : celle de la liberté d’expression et du droit d’accès à la culture. Stephen King, avec sa voix forte et engagée, continue de défendre la littérature contre la censure, et nous rappelle que la fiction est un outil puissant pour comprendre le monde.

1 COMMENTAIRE

  1. Ah ces américains, trop prudes pour certaines publications mais absolument pas pour certaines horreurs dont ils sont les créateurs et initiateurs, avant de juger un auteur lisez au moins son œuvre au lieu de la juger par rapport à son titre ou par rapport à sa couverture de livre, moi j’ai découvert cet auteur vraiment pas par hasard car j’ai vu quelque chose qui avait été fait en suivant l’une de ses œuvres et j’ai beaucoup aimé,mais lorsque j’ai commencé à le lire mon dieu il met certains détails qui sont difficiles à mettre en image mais par contre quand le lecteur entre dans le monde de son auteur il devient alors difficile de pouvoir mettre clairement en image ce que l’on imagine de par la lecture de l’œuvre de celui-ci, Maître King vous m’avez appris à aimer l’horreur et la fiction comme vous savez si bien le faire vous bannir ou vous interdire me rappelle les agissements d’un certain pouvoir nazi qui au final à créer sa destruction presque complète, il y a tant de publications qui ne méritent pas de l’être que l’on vous aime ou vous déteste je peux le comprendre mais que l’on interdise les lectures de vos œuvres pour des prétextes aussi fourbes c’est de la discrimination pure et simple et c’est inacceptable selon moi.

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