Paru en anglais le 21 mai 2025, la 7e histoire de Stephen King mettant en scène la détective Holly Gibney se fait encore attendre en français. Je l’ai lu en anglais et je vous donne (enfin) mon avis.

Pour commencer et pour rappel, pour tout comprendre du personnage, mieux vaut avoir lu les 6 histoires qui précèdent dans l’ordre, à savoir : Mr Mercedes, Carnets Noirs, Fin de Ronde, L’Outsider, Si Ça Saigne et Holly.

Mon avis sur Never Flinch

Je n’aime pas les polars. Je n’avais pas particulièrement envie de relire un roman centré sur Holly Gibney. J’ai ouvert Never Flinch avec autant de curiosité que d’appréhension, mais aussi avec l’éternel plaisir de retrouver un roman de Stephen King. Que j’aime ou pas c’est toujours un peu comme rentrer chez soi.

On sent que King a souffert pour écrire ce livre. Il l’a dit lui-même : ce roman a été difficile, long, douloureux. Cela se ressent dans le texte. Le récit semble plus construit que d’habitude, plus planifié, moins libre. Il manque parfois cette spontanéité qui caractérise ses œuvres les plus marquantes, ce petit grain de folie voire de “gratuité” dans certaines scènes, ce détour inattendu qui nous désarçonne et nous ravit à la fois. Ici, c’est plus sobre, plus retenu. Pas mauvais — loin de là — mais différent, moins ce que j’aime.

Never Flinch suit deux arcs narratifs qui peinent à trouver leur rythme commun dans la première moitié du roman. L’installation est un peu longue, d’autant plus pour celles et ceux qui connaissent déjà Holly. Mais une fois la structure posée, une fois les pièces en place, on se laisse embarquer — à condition de ne pas chercher un thriller haletant, car ce n’est pas ce que King propose ici. Il y a peu de tension, peu de mystère : on suit même le « méchant » sans savoir qui il est, ce qui est un choix intéressant mais qui peut désarçonner et surout, qui rappelle un peu trop Mr Mercedes.

Là où le roman brille, comme souvent chez King, c’est dans ses personnages. J’avoue ne pas être une grande fan de Holly, malgré un certain attachement né du roman précédent, Holly. Mais ici, j’ai surtout été une nouvelle fois marquée par Barbara, que j’adore, et par Izzie, l’enquêtrice. Leurs dynamiques sont excellentes, nuancées, sensibles, crédibles. King signe là un portrait fort de personnages féminins, féministes, sans que cela paraisse forcé ni artificiel. Il pousse même la réflexion plus loin en abordant le fanatisme, quel qu’il soit, et critique autant les dérives religieuses que les extrêmes d’un certain féminisme militant. Un équilibre rare sous une plume masculine.

Le contexte politique américain traverse tout le livre : King y parle de droit à l’avortement, de croyances déviantes, de covid, de complotisme… Il rend un bel hommage aux femmes activistes mortes en défendant leurs droits. Le thème des jumeaux, récurrent chez lui, est ici traité sous un nouvel angle ancré dans les préoccupations identitaires actuelles. On sent que Never Flinch est un roman d’époque, ancré dans une actualité brûlante, mais porté par une volonté de réflexion plus que de tension.

Je comprends celles et ceux qui ne s’y retrouveront pas. Le roman répète certaines mécaniques vues dans Mr Mercedes ou Holly, sans retrouver leur efficacité. Pour moi, ce n’était pas assez thriller, je me suis parfois ennuyée et j’ai trouvé l’ensemble assez long.

Never Flinch n’est pas un mauvais King. C’est un King plus sobre, plus engagé. Il y manque un peu de souffle, mais il y a beaucoup de cœur.

En attendant la version française de Never Flinch, sur laquelle on n’a pas encore d’information, vous pouvez vous procurer le livre en anglais :

Liens et connexions avec les autres oeuvres, easter eggs… découvrez la place de Never Flinch dans le multivers de Stephen King

LAISSER UN COMMENTAIRE

Merci d'écrire un commentaire !
Merci d'entrer votre nom