Le 31 octobre 2025, un événement musical exceptionnel aura lieu à la Salle Pleyel à Paris : un concert symphonique consacré aux plus grandes adaptations de Stephen King. Derrière ce projet ambitieux, Overlook Events, une structure spécialisée dans la production de concerts autour de la pop culture. Romain Dasnoy, cocréateur d’Overlook Events, nous dévoile les coulisses de ce spectacle unique, la sélection des morceaux, les défis de production et les surprises qui attendent les spectateurs.
Peux-tu te présenter et expliquer ton travail ?
Je m’appelle Romain Dasnoy et je suis le cocréateur du label Wayô Records et de l’organisation de concerts Overlook Events, donc je suis principalement actif dans la production musicale. J’ai fait venir Joe Hisaishi, Danny Elfman, Nobuo Uematsu ou encore Yiruma en Europe, et créé les concerts officiels Ennio Morricone, Elden Ring, Assassin’s Creed, et bien d’autres. Accessoirement, je travaille à titre personnel sur des projets musicaux en dehors de ces deux structures. Je suis aussi auteur de livres pop-culture, soit en fiction, soit en essai, avec notamment un livre dédié à Indiana Jones, un autre sur Red Dead Redemption. Et enfin, j’ai une très humble chaîne YouTube, MacGuffin Maker.
Quel est ton lien personnel avec l’œuvre de Stephen King ?
Comme beaucoup, Stephen King m’accompagne depuis l’adolescence. À cette période de la vie, on est généralement naturellement plus attiré par ce type de lecture que par la littérature classique, à tort ou à raison ! J’ai donc lu assez tôt quelques livres de King, mais l’un des déclencheurs a été l’un des chocs de ma génération : « Il » est revenu, le téléfilm tiré du roman, diffusé à la télévision française quand j’avais 11 ans. Je suis devenu un cinéphile exigeant, donc mon lien personnel avec King se fait d’abord par le cinéma. J’ai lu nombre de ses romans bien sûr, et j’ai à ce titre la capacité de reconnaître en lui un auteur plus classique qu’on ne le croit, dans le style et les idées, la manière de les agencer et sa formidable aptitude aux développements narratifs de premier et second plan. It reste pour moi un roman exceptionnel en ce sens, mais j’adore également des œuvres plus intimes, comme le recueil Different Seasons, d’où provient d’ailleurs le prodigieux The Shawshank Redemption. C’est d’ailleurs l’une des idées qui a mené la création de ma chaîne YouTube : je voulais travailler avec Benoit Allemane, la voix officielle de Morgan Freeman notamment dans ce film, pour réciter un texte monté sur des images de ce film ! La vidéo existe sur ma chaîne, et j’ai d’ailleurs analysé le film à cette occasion. Benoit nous a quitté depuis, mais pour moi il reste l’éternel Red de Shawshank.
Comment est née l’idée de ce concert symphonique dédié aux adaptations de Stephen King ?
Nous sommes tous, depuis les premiers instants, fans d’horreur et de cinéma à Overlook Events. Et d’ailleurs, le nom de notre société est un clin d’œil à Stephen King (difficile, hein !). Créer des événements autour de ce thème a toujours été une idée que nous voulions concrétiser. Et à titre personnel, bien que je ne sois pas le seul chez Overlook, j’ai une véritable sur-spécialité avec la musique de film, j’ai même écrit le Guide des compositeurs de musique de films avec l’auteur Vivien Lejeune. Or, pour les adaptations de Stephen King, nous ne trouvons pas seulement d’excellents réalisateurs, acteurs ou films : les musiques sont aussi iconiques, et écrites par d’immenses noms : Philip Glass, Danny Elfman, Michael Kamen, Pino Donaggio, Harold Faltermeyer, Elliot Goldenthal, John Ottman, John Carpenter, Thomas Newman, Wendy Carlos, James Newton Howard ou encore récemment le « jeune » Benjamin Wallfisch qui marque déjà son époque… Sérieusement, tous ces compositeurs importants depuis 50 ans, réunis sous une seule et même bannière, est-ce possible ? Oui, et cette bannière c’est Stephen King ! Tout passionné de musique de film et de cinéma ne peut qu’avoir le tournis devant une telle sélection de talents !
Peux-tu nous donner un aperçu du programme ? Quels films ou séries seront mis en avant ?
La sélection a été difficile car, vous le savez, les adaptations sont nombreuses ! On doit aussi pouvoir s’assurer des droits musicaux, et parfois on ne trouve simplement pas à qui s’adresser, notamment pour les séries télévisées et les vieux films dont les sociétés de production n’existent plus. On passe de It (les deux versions) à Shining, de Shawshank à Green Mile, de Carrie à Christine, de Misery à Boogeyman… les fans n’auront pas de surprise, la setlist reste évidente : ce sont des films que vous avez vus ! On rajoute à cela des medleys avec quelques raretés… jouer la musique du téléfilm The Langoliers, c’est fun à imaginer ! Du coup la sélection se base surtout sur la qualité des musiques et l’équilibre des genres. Quand je conçois une setlist, et j’en ai fait beaucoup y compris sur des concerts officiels comme Dragon Ball ou Assassin’s Creed, c’est mon obsession. Oui, la plupart des films et des musiques sont issus de classiques, mais il y a quelques petites surprises. Globalement, je ne cherche pas le truc obscur dont plus personne ne se rappelle, d’une part car la question des droits est centrale et on doit pouvoir identifier et avoir l’accord des ayants-droits, et d’autre part car dans les classiques il y a suffisamment de pépites pour ne pas en avoir honte.
Y a-t-il un compositeur ou une bande originale en particulier qui te tient à cœur dans l’univers de Stephen King ?
Oui, deux, très exactement. J’en ai déjà parlé, Shawshank, composé par Thomas Newman. J’ai même eu la chance de travailler avec son frère à Paris, David Newman. Mais Thomas est vraiment l’un des plus grands compositeurs hollywoodiens de sa génération, jouer sa musique pour ce fabuleux film était une évidence. L’autre est le téléfilm It, qui raisonne particulièrement pour beaucoup d’entre nous, d’autant que la musique est réellement très belle. Le thème triste est l’un des plus beaux que je connaisse. Et il se trouve que je suis en contact avec le compositeur, Richard Bellis, depuis plusieurs années. Et d’ailleurs, il participe au concert en nous fournissant une version à jour de sa suite symphonique It ! Pour moi, c’est vraiment inespéré et cela me rend bien sûr très fier et heureux.
Selon toi, pourquoi la musique joue-t-elle un rôle si important dans les adaptations de ses romans ?
C’est une question difficile car ça ne concerne pas seulement Stephen King. Pourquoi la musique est-elle très importante au cinéma ? C’est un sujet trop long et trop complexe pour y répondre en quelques phrases… le cinéma est un langage protéiforme. C’est une œuvre collective. Le montage, le point de vue, la narration et la musique, notamment, sont des pièces indispensables de l’ensemble. On peut sans doute rajouter le fait que sur le cinéma de genre, donc d’horreur même si Stephen King ne se réduit pas qu’à cela, la musique peut revêtir des formes surprenantes. Parfois se fondre dans le sound design. Faire preuve d’imagination, d’expérimentation, de choix de sonorités et d’instruments particuliers. Et il y en a plein dans le cinéma de Stephen King !
Que peux-tu nous dire sur les images diffusées pendant le concert ?
Nous allons créer un accompagnement vidéo et illustratif, avec une artiste professionnelle, pour accompagner les musiques, mais avec un contenu qui ne soit pas envahissant. On doit garder l’esprit de Stephen King et faire en sorte de garder un équilibre avec les films qui ne sont « que » des adaptations. À ce titre, nous avons un acteur qui enregistre en voix off des passages courts des livres pour accompagner l’orchestre en début de chaque medley. Ce n’est pas invasif, nous préparons la musique en fonction. Cela introduit les films/livres, et on laisse l’orchestre faire l’essentiel du spectacle, avec l’écran en support, permettant une écoute sans gêne d’aucune sorte pour le public. Bref, un travail sur l’immersion !
À quel public s’adresse ce concert ? Plutôt aux fans de Stephen King, aux amateurs de musique de film, ou aux deux ?
Clairement les deux. Nous sélectionnons toujours des musiques qui peuvent s’écouter « hors contexte », il n’est donc pas nécessaire d’avoir vu les films. La qualité des compositions fait que le concert sera toujours un plaisir. Et comme nous avons l’écran et la narration avec l’acteur, le contexte ne sera jamais loin. Je pense vraiment que le concert sera adapté à tout le monde, les fans de Stephen King et/ou des films, mais aussi celles et ceux qui sont moins connaisseurs des univers et qui veulent juste passer un bon moment avec de très belles musiques, même si parfois elles font peur !
Penses-tu que ce concert pourrait donner lieu à d’autres représentations dans d’autres villes ?
C’est quelque chose que l’on veut évidemment faire. Mais le marché est difficile, ce n’est pas si simple. Paris doit d’abord être un succès avant de pouvoir aller ailleurs. Et surtout, on travaille à l’international. Le show est déjà envisagé dans plusieurs autres pays !
Si le projet vous plaît, les billets sont disponibles à partir de 49 € et peuvent être réservés sur le site officiel de la Salle Pleyel.
