Dans le Connecticut (Etats-Unis), l’université de Quinnipiac a monté une comédie musicale d’après Rage et Guns, de Stephen King, pour sensibiliser à la violence par arme à feu.
Les séances de discussion sur la violence armée et ses causes ont commencé le mercredi 12 février à l’Université Quinnipiac, lors d’une table ronde sur Rage, la prochaine comédie musicale qui sera jouée plusieurs fois printemps.
Un comité s’est constitué pour monter cet événement et les discussions qui en découlent, composé d’Elizabeth Dinkova, autrice et réalisatrice de Rage, Don Sawyer, vice-président pour l’équité et l’inclusion à Quinnipiac, Kalfani Ture, professeur adjoint de justice pénale, Scarlett Lewis, fondatrice du mouvement Jesse Lewis Choose Love et Thomas Pruzinsky, professeur de psychologie.
“J’ai réalisé qu’il était de notre responsabilité de protéger les enfants dans les écoles, y compris la mienne”, a déclaré Scarlett Lewis, mère de Jesse Lewis, victime de la tuerie de Sandy Hook. “Et donc je voulais faire quelque chose pour faire partie de la solution. Je ne voulais pas être contre quelque chose. Je voulais être pour quelque chose.”
Aux Etats-Unis chaque année, plus de 10 000 personnes décèdent par arme à feu, et plusieurs tueries sont perpétrées dans des écoles ou universités.
Le programme de théâtre de l’Université de Quinnipiac a décidé de monter une pièce pour sensibiliser à cette violence, qui sera finalement une comédie musicale : “le choix d’intégrer de la musique dans l’histoire a été fait afin d’augmenter la connexion avec son public”.
Tous les membres du comité réuni pour monter cette comédie musicale ont convenu que l’absence de connexion était un facteur important dans la cause de la violence par arme à feu. Leur but : se servir du théâtre pour établir des liens et entamer des conversations afin de briser le cycle de la violence.
“C’est crucial en ce moment. Lorsque vous pensez au climat politique dans lequel nous nous trouvons, vous pensez au fait qu’il semble que nous ayons perdu la capacité d’avoir des désaccords civils”, a déclaré Sawyer. “Nous avons perdu la possibilité de nous connecter les uns aux autres. Je pense que cela nous donne à nouveau l’occasion de nous connecter et de comprendre que nous avons tous ce fil conducteur qui nous unit, qui est notre humanité. Et ces connexions sont des choses qui font de notre campus un meilleur endroit et qui font de notre nation un meilleur endroit. Et cela rend notre monde meilleur. Je pense que nous pouvons le faire grâce au théâtre.”
Si Stephen King n’a pas été impliqué dans le projet, la pièce réunit à la fois les événements de son roman Rage (qui n’est plus édité) et de son essai Guns, sur la régulation des armes à feu aux Etats-Unis. Alors qu’il a retiré Rage de la vente car il était retrouvé dans les affaires de tueurs dans les universités américaines, Stephen King a quand même approuvé cette adaptation, certainement séduit par son intérêt pédagogique. Comme il le disait dans Guns, il aurait souhaité que son roman Rage serve à comprendre les mécaniques de ces jeunes qui en viennent à commettre de tels actes. Peut-être cette adaptation est-elle la forme sous laquelle Rage remplira enfin sa fonction, sans nourrir les fantasmes sanglants de tueurs.
La comédie musicale dure 2h et prend littéralement en otage le public telle la salle de classe du roman de King, dans lequel se trouvent aussi des acteurs de la pièce. Des représentations et des discussions ont déjà eu lieu, dont la première ce week-end, mais d’autres se dérouleront en mai.
Résumé de Rage
Neuf heures cinq. L’écureuil cavale sur la pelouse. Dans la salle 16, Mme Underwood donne son cours d’algèbre… “Si l’on augmente le nombre de variables, les axiomes eux-mêmes restent valides…”
L’interphone crache alors une giclée de mots-requins. Charles Decker est convoqué chez le directeur.
Neuf heures vingt. Après un entretien destroy, Charly met le feu aux vestiaires. Dans les marais puants de son subconscient, son dinosaure personnel patauge avec rage. Charly ouvre la porte de sa classe, tire sur son prof, qui s’effondre. Exit. Tuée sur le coup. Charly se sent merveilleusement bien. Il est allé jusqu’au bout..
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Neuf heures cinquante. Océan de silence dans la classe prise en otage. Charly se prépare pour le sprint final. Psychodrame et lavage de cerveau. Tout le monde va passer à la moulinette…
Sources :