Stephen King vient de publier sur son site officiel www.stephenking.com une lettre pour répondre à ses fans déçus des différences entre le livre Under the Dome et son adaptation télévisée.
Le pilote de la série, diffusé le 24 juin sur CBS, a rassemblé plus de 13 millions de téléspectateurs Américains.
Traduction de la lettre de Stephen King :
“Pour ceux d’entre vous appartenant au Monde des Lecteurs Fidèles et qui se sentent vexés que la version TV d’Under the Dome varie considérablement de la version du livre, voici une petite histoire.
Proche de la fin de sa vie, et longtemps après que ses meilleures nouvelles aient été écrites, James M. Cain a accepté de se faire interviewer par un étudiant journaliste qui s’occupait des rubriques culture et art pour le journal de son école. Ce jeune homme a commencé son entretien en se lamentant sur combien Hollywood avait changé des livres tels que Le facteur sonne toujours deux fois ou Assurance sur la mort. Avant qu’il ne puisse aller plus loin dans sa diatribe, le vieil homme l’interrompit en pointant du doigt une étagère de livres derrière son dos. “Les films ne les ont pas du tout changé, fils” dit-il. “Ils sont tous là, en bon état. Chaque mot est le même que quand je l’ai écrit.”
Je ressens la même chose à propos d’Under the Dome. Si vous avez aimé le livre quand vous l’avez lu la première fois, il est toujours disponible à la lecture. Mais ça ne signifie pas que la série TV est mauvaise, car elle ne l’est pas. En fait, elle est très bonne. Et, si vous regardez attentivement, vous verrez que la plupart de mes personnages sont toujours là, bien que certains aient été combinés et d’autres aient changé de travail. La vérité est la même pour les gros trucs, comme l’émeute au supermarché, la raison pour le stockage de propane, et la thématique principal du livre qui est le manque de ressources.
Beaucoup des changements écrits par Brian K. Vaughan et son équipe d’auteurs étaient nécessaires, et je les ai approuvés de tout cœur. Certains changements sont la conséquence du projet de garder le Dôme en place sur Chester’s Mill pendant plusieurs mois au lieu d’un peu plus d’une semaine, comme c’est le cas dans le livre. D’autres modifications de l’histoire se sont mises en place car les auteurs ont complètement ré-inventé l’origine du Dôme.
Cette ré-invention importante était ma seule préoccupation quand la série n’était encore qu’un projet, et cette préoccupation était purement pratique. Si le dénouement du mystère était le même à la TV que dans le livre, cela aurait gâché beaucoup de votre plaisir (de toute façon, beaucoup de lecteurs n’ont pas aimé mon dénouement). Du même fait, cela aurait gâché beaucoup de choses si vous aviez connu les futurs des personnages à l’avance. Certains qui meurent dans le livre -Angie, pour le moment- vivent dans la version TV de Chester’s Mill…au moins pour un moment. Et certains qui vivent dans le livre pourraient ne pas être aussi chanceux dans la série télévisée. Je dis ça, je dis rien.
Ecoutez, j’ai toujours été un auteur de situation. Mon idée de ce qu’il faut faire d’un complot, c’est lui tirer dessus avant qu’il ne s’étende. C’est vrai que quand je commence une histoire, j’ai souvent une idée générale de comment elle se finira, mais la plupart du temps je la termine d’une façon totalement différente (pour exemple, je pensais que Ben Mears allait mourir à la fin de Salem, et que Susannah Dean crèverait à la fin du Chant de Susannah). “Le livre est le chef,” avait l’habitude de dire Alfred Bester, et ce que cela signifie pour moi est que la situation est le chef. Si vous la jouez loyale avec les personnages -et les laissez jouer leurs rôles selon leurs forces et faiblesses- vous ne vous tromperez pas. C’est impossible.
Il n’y a qu’une chose de mon roman qui devait absolument être la même dans le roman et dans la série TV, et c’est le Dôme lui-même. Pensez au roman et à ce que vous voyez chaque semaine sur CBS comme à des jumeaux. Chacun est sorti du même ventre créatif, mais vous serez capable de les différencier. Ou, si vous êtes un mordu de SF, pensez à eux comme à des versions alternatives d’une même réalité.
Quant à moi, je profite de l’occasion pour regarder cette réalité alternative se jouer; je pense toujours qu’il n’y a aucun endroit pareil au Dôme.
Quant à toi, Lecteur Fidèle, libre à toi de prendre l’original dans ton étagère. Rien à part la couverture n’a jamais changé.
Stephen King
27 juin 2013”